Le syndicat CGT des postiers et services postaux de Paris

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La Deutsche Post paralysée par la grève

Publié le 1er juillet 2015   dans   Actualités  

Les salariés du secteur entrent dans leur 4ème semaine d’une lutte « dure », atypique du « modèle » consensuel. La grève illimitée déclenchée depuis le 9 juin par les postiers allemands et leur syndicat Verdi s’étend et se durcit. Des montagnes de paquets et de lettres s’accumulent dans les centres de tri.

Le conflit a pour origine la volonté de DHL Deutsche Post AG, devenu un mastodonte de la messagerie mondiale, de banaliser définitivement la société anonyme héritière de l’ancien service public postal.

Une nouvelle société, consacrée à la distribution des paquets et baptisée Delivery, a été créée en janvier. Principale caractéristique de cette filiale : elle pratique des rémunérations annuelles d’un niveau environ 15 % inférieur à celles que touchent jusqu’à présent les employés de La Poste.

Pour constituer les équipes de DHL Delivery, la direction de la Deutsche Post a décidé de plonger dans le vivier des salariés précaires de l’entreprise en leur proposant d’échanger une baisse de leur rémunération contre l’octroi d’un contrat à durée indéterminée dans la nouvelle filiale.

La direction affirme qu’il s’agirait du seul moyen de sauvegarder la compétitivité de l’entreprise. Mais depuis 2008, la Deutsche Post réalise d’année en année de somptueux bénéfices (2,2 milliards d’euros en 2014).

Frank Appel, le chef de la Deutsche Post, dévoué aux logiques de gestion dites de la valorisation pour l’actionnaire, voudrait faire grimper les gains du groupe de 8 % par an afin qu’ils atteignent les 5 milliards d’euros d’ici à 2020. Un objectif impossible à atteindre sans faire fondre la masse salariale. « Un piège mortel », relève le syndicat, car c’est le savoir-faire des salariés qui a permis de « sauvegarder une qualité supérieure du réseau postal ».

Après les mouvements des conducteurs de locomotive ou des personnels des crèches et jardins d’enfants, la grève des postiers rompt à nouveau avec une certaine culture syndicale consensuelle.

Anton Hirtreiter, dirigeant du syndicat Verdi de Munich, souligne combien la privatisation puis la banalisation dans le champ concurrentiel de la Deutsche Post, aux côtés des multinationales du secteur, ont « marché de pair avec les logiques antisociales inscrites sur le trop fameux “agenda 2010” de l’ex-chancelier Schröder ».

La mise en place de la filiale low cost Delivery, qui torpille au passage « les solidarités traditionnelles », constitue aussi, de fait, « une arme antisyndicale », pointe A. Hirtreiter.

La grève n’exprime ainsi pas seulement un ras-le-bol des salariés face à l’injustice sociale. Elle constitue également un enjeu décisif pour un monde syndical allemand en crise, dont les concessions « négociées » ont miné la crédibilité durant les deux dernières décennies.

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